La vie sans un repas à trois plats
Le dernier article portait sur la vie quotidienne folle. Mais aussi sur les raisons pour lesquelles le stress (quotidien) peut nuire à nos relations à long terme. La bonne nouvelle est que nous pouvons y remédier ! Peut-être pourrions-nous nous asseoir en couple et réfléchir à ce qui cause actuellement le plus de stress dans nos vies et à ce qui pourrait nous permettre d’éviter une partie de ce stress. Avons-nous vraiment besoin de consulter à nouveau nos courriels le soir ? Doit-on récurer tout l’appartement et préparer un repas à trois plats avant chaque visite ? Ne pourrions-nous pas unir nos forces avec d’autres parents et nous relayer pour conduire les enfants à l’entraînement de foot ? Traiter ensemble de telles questions peut déjà apporter un grand soulagement. Bien sûr, le stress ne peut pas toujours être évité. Le stress émotionnel, en particulier, est généralement imprévisible et ne peut pas toujours être évité. Nous avons besoin de stratégies qui nous permettent de gérer le stress sans devenir malades et malheureux.

Je stressais, tu stressais
La gestion du stress a longtemps été considérée comme un phénomène individuel qui ne concerne que la personne stressée. Ce n’est qu’il y a une vingtaine d’années que la recherche – notamment autour du professeur Bodenmann – a commencé à s’intéresser à la gestion conjointe du stress dans les relations de couple. Lorsque nous vivons en couple, nos vies, nos humeurs et aussi nos sentiments de stress sont fortement imbriqués. Lorsque mon partenaire est stressé, je le suis souvent aussi. Ou du moins, son stress ne me passe pas sous le nez sans laisser de trace. Mais en même temps, je suis la personne qui peut le mieux la soutenir à ce moment-là.

Un projet difficile
La semaine dernière, nous avons vécu une autre situation stressante : mon collègue avait été réservé et froid toute la matinée. A un moment donné, il est apparu qu’il voulait aussi le nouveau projet que notre patron m’avait confié il y a quelques jours. Il a estimé que la mission n’était pas tout à fait juste. Par exemple, il a dit que j’avais présenté les résultats de notre dernier projet ensemble comme s’ils étaient principalement dus à moi, alors qu’en fait, c’est lui qui avait fait la majeure partie du travail. J’ai été très déstabilisé par sa déclaration, car d’une part, je voulais vraiment entreprendre ce nouveau projet, et d’autre part, son accusation m’a fait sentir coupable. J’ai commencé à douter de moi. M’étais-je vraiment mis sous les feux de la rampe lors de la présentation ? De plus, je ne voulais pas mettre en péril notre bonne relation. Le sujet était encore présent dans mon esprit quand je suis rentré chez moi le soir…

Être mon propre ami
Lorsque je me trouve dans une telle situation de stress, je devrais d’abord essayer de gérer mon stress (ou une partie de celui-ci) par moi-même, afin de ne pas mettre trop de pression sur mon partenaire et notre relation. Pour ce faire, il existe diverses stratégies d’adaptation qui peuvent m’aider (entamer un dialogue intérieur positif avec moi-même, me calmer intérieurement, faire une promenade, un jogging, des exercices de respiration, etc.) Malheureusement, nous utilisons parfois des stratégies moins bonnes, comme le discours intérieur négatif (« ça devait t’arriver », « tu ne mérites pas mieux »), l’alcool, l’évitement des problèmes et la passivité. Une étude a montré que les couples malheureux ou séparés/divorcés avaient souvent utilisé les styles d’adaptation que sont le blâme et la passivité/évitement au cours des années précédentes. La façon dont je me gère a donc également un impact sur ma relation. Puis-je être mon propre ami pendant les périodes de stress ?

Être amis les uns avec les autres
Toutefois, ce n’est pas seulement la façon dont je gère le stress et les tensions qui compte, mais aussi le fait que nous puissions nous soutenir mutuellement en tant que couple. Après l’incident avec mon collègue de travail, une promenade au grand air ne suffisait pas et je voulais partager cette expérience avec mon partenaire (qui ressentait probablement mon stress de toute façon). Cette ouverture émotionnelle de soi est également importante pour que nous restions proches et connectés en tant que couple. Mon partenaire peut réagir de différentes manières à mon stress (partagé verbalement ou non verbalement) : Elle peut m’aider à résoudre le problème, par exemple en explorant avec moi les solutions possibles et nous pouvons réfléchir à la manière dont je pourrais aborder mon collègue de travail. Elle peut m’aider à faire face à mes sentiments en me disant qu’elle comprend et qu’elle croit que je trouverai sûrement une bonne solution ou en me serrant dans ses bras. Elle peut aussi me soulager en me proposant, par exemple, de mettre les enfants seuls au lit aujourd’hui afin que je puisse me détendre et réfléchir un moment. Parfois, cependant, nos homologues réagissent négativement aux expressions du stress. Selon la façon dont je communique mon stress, l’humeur de ma partenaire et l’état actuel de notre relation, il se peut qu’elle ne me réponde que superficiellement ou même qu’elle me fasse des remarques désobligeantes (« si tu voulais tellement le projet, tu n’as plus qu’à gérer la tension maintenant »). Des études ont montré qu’un soutien positif est plus probable lorsque le stress est communiqué de manière explicite et verbale. Ainsi, plus je suis capable de communiquer de manière spécifique et claire ce que je ressens et ce que j’attends de ma partenaire, mieux elle pourra me soutenir. Le fait qu’elle sache ce que je ressens et ce dont j’ai besoin n’a pas grand-chose à voir avec son degré d’amour pour moi, mais plutôt avec la façon dont je peux le lui communiquer.